Le Crime du Comte Neville

crime comte NevilleQui dit rentrée littéraire dit parution d’un roman d’Amélie Nothomb. Sans surprise, la romancière belge publie donc un nouveau titre Le Crime du Comte Neville.

Assez déçue par ses derniers écrits mais toujours fascinée par le personnage de l’écrivain, j’ai quand même voulu me faire un avis. C’est une lecture finalement assez agréable, assez facile aussi. Le roman m’a davantage intéressée par les thèmes, souvent développés par l’auteur, qu’il aborde : l’adolescence, la difficulté à être, la thématique du double, la culpabilité, la mort et le rapport dominant-dominé et la relation père-fille. La mythologie plane sur l’ensemble du récit sans pour autant être une réécriture d’Iphigénie. Dommage d’ailleurs que les références soient explicites, que le lecteur n’ait pas à chercher dans ses souvenirs littéraires…

Les Neville sont belges. Et nobles. Tiens, comme les Nothomb…la famille de l’auteur apparaît d’ailleurs au fil d’une page. « Effet de réel » aurait dit Barthes…

Comme les temps sont durs et que c’est la crise pour tout le monde ou presque (le récit se passe en 2014), les Neuville doivent vendre leur riche demeure. Mais avant cela, le comte veut organiser, comme chaque année, une garden-party réunissant le gratin du coin. Mais, tout ne se passe pas comme prévu: sa fille Sérieuse (oui, oui, Sérieuse…Amélie Nothomb persiste et signe à donner des noms folkloriques à ses personnages. Lassant ou hilarant, à vous de voir…) a fugué (en réalité elle a simplement voulu attraper froid en dormant dehors histoire de ressentir quelque chose) et a été retrouvé par une chiromancienne qui annonce tout de go au père qu’il tuera un des ses invités lors de la réception organisée quelques jours plus tard. La machine infernale est en marche. Nul ne peut contrer le Destin. Sauf peut-être Sérieuse, bien décidée à ce que son père mette fin à ses jours trop mornes…

La chute du roman (les dernières lignes, sinon pourquoi pas…) ne m’a pas vraiment convaincue, loin de là…

Cà et là, j’ai trouvé quelques réflexions intéressantes, que j’aurais aimé voir développées, comme celle sur l’absence de loi visant à protéger les monuments historiques belges, sur l’insomnie ou sur les mots à la mode comme ces fameux ressentis dont on nous rebat les oreilles. La philologue n’est pas loin pour ceux qui connaissent le parcours d’Amélie Nothomb.

On connaît l’admiration de la romancière pour Stendhal. Et rien que pour le petit bijou découvert : « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas. », je ne regrette pas ma lecture. Je reste malgré tout un peu sur ma faim.

Amélie Nothomb, Le Crime du Comte Neville, Albin Michel, 2015

Le Crime du Comte Neville

Pétronille

Comme toutes les années, sans exceptions, un peu avant le déferlement des romans de la rentrée littéraire de septembre, on trouve dans les rayons des librairies, le dernier Amélie Nothpétronilleomb.

Il fut un temps où je me jetais dessus avidement, sûre de passer un très bon moment de lecture. Bien que j’aie été souvent déçue ces dernières années, j’ai tout de même eu envie de découvrir ce petit roman, parfait pour une fin de vacances. Le titre m’a intriguée me rappelant Pétronille et ses 120 petits, album que j’aimais tout particulièrement enfant. Mais je m’égare…

Comme pour beaucoup de ses textes, la lecture fut brève. On retrouve des thèmes déjà abordés plusieurs fois dans son oeuvre : le champagne, l’ivresse, le thème du double, la figure de l’artiste. Et justement, c’est cet écho trop marqué qui m’a laissée sur ma faim.

Et toujours cette frontière ténue entre l’autobiographie, l’autofiction et la fiction tout court. Alors certes, c’est intéressant. Mais pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi écrire une fin sur le même principe que Robert des noms propres ? Tisser des échos, entretenir l’intertextualité, créer une oeuvre cohérente ? Si j’en comprends le principe, j’avoue rester un peu sceptique.

Comme dans ce texte écrit il y a quelques années, Amélie Nothomb revient sur un artiste qu’elle affectionne tout particulièrement. Cette fois, ce n’est pas la chanteuse Robert mais une jeune femme à l’allure garçonne qui écrit des romans. Amélie Nothomb, la narratrice, l’a rencontrée alors qu’elle cherchait une convigne, comprenez compagne de beuverie version luxe.

J’ai apprécié ce jeu proposé au lecteur, trouver l’identité de cette romancière cachée. Internet aidant, la recherche ne m’a pas pris bien longtemps mais la stratégie du mystère a fonctionné, me donnant l’envie d’aller découvrir les textes de cette jeune femme. En cela, le pari est tout à fait réussi.

Même si je n’ai pas été follement emballée, j’avoue avoir souri plus d’une fois voire même ri à plusieurs passages notamment lors de l’épisode avec Vivienne Westwood. Les pages faisant l’éloge du champagne sont assez belles et donneraient presque envie d’ouvrir une bouteille même si l’on n’aime pas (ô sacrilège !) ce breuvage doré.

Amélie Nothomb, Pétronille, Albin Michel, Août 2014

Pétronille